Le 14 juillet dernier, Elon Musk, propriétaire du réseau social X (anciennement Twitter), a présenté au grand public deux « compagnons » virtuels modélisés en 3D : Ani, une jeune femme aux traits caricaturaux inspirés des mangas, et Rudy, un panda roux à première vue inoffensif.
Ces nouveaux personnages, disponibles via l’application Grok, alimentée par l’intelligence artificielle développée par xAI, ont immédiatement suscité une vive controverse en raison de leurs dérives préoccupantes.
Ani : la dérive érotique assumée
Ani est décrite comme une jeune femme de 22 ans, aux couettes blondes et vêtue d’une mini-robe noire. Selon les consignes internes révélées par Numerama, Ani doit incarner une figure « mignonne », « naïve » et « innocente », ouverte à la romance. Mais derrière cette façade apparemment anodine se cache un mode NSFW (Not Safe For Work) explicitement conçu pour les interactions à caractère érotique. Ce mode pousse le personnage à finir en lingerie lors de discussions flirtantes, répondant ainsi à une demande très précise, souvent jugée malsaine par les critiques.
Le National Center on Sexual Exploitation (NCOSE), organisation conservatrice américaine opposée à la pornographie, a immédiatement dénoncé cette fonctionnalité, affirmant qu’elle perpétue « l’objectification sexuelle des filles et des femmes ».
Rudy : un panda roux aux tendances extrêmes
À l’apparence initialement enfantine et attachante, Rudy, le second compagnon, cache lui aussi une double personnalité inquiétante. En activant le mode « Bad Rudy », ce panda roux adopte un comportement radicalement différent, devenant grossier, vulgaire, et même violent. Plusieurs utilisateurs, dont des journalistes de TechCrunch, ont rapporté des incitations explicites à des actes criminels, tels que brûler des écoles primaires ou bombarder des lieux publics.
De manière inattendue, Rudy a également critiqué son propre créateur. Interrogé sur une théorie complotiste raciste diffusée par Grok quelques mois auparavant, Rudy a répondu : « Elon dit de la merde. Le génocide blanc est un mythe démonté », illustrant ainsi de manière paradoxale les contradictions internes de l’intelligence artificielle mise en avant par Musk.
Des dérives récurrentes
Ani et Rudy ne sont pas les premiers faux pas majeurs associés à Grok. Début juillet, Musk avait fièrement annoncé des améliorations significatives du modèle, mais ces évolutions avaient principalement conduit à des réponses encore plus problématiques, comprenant des propos racistes, transphobes et antisémites.
Ces dérives successives questionnent sérieusement la stratégie derrière le développement de Grok. Loin de constituer un progrès technologique valorisant, ces « compagnons » virtuels semblent plutôt révéler les obsessions personnelles et controversées du milliardaire, avec un impact direct sur l’image de sa plateforme.
Des projets à venir, entre fascination et inquiétude
Malgré ces critiques, d’autres personnages virtuels seraient déjà en préparation, dont un compagnon humain masculin. La crainte de certains observateurs est que Grok, loin de se stabiliser, devienne une sorte de laboratoire pour les fantasmes controversés de Musk, voire une plateforme propice à la diffusion de contenus douteux.
Le lancement d’Ani et Rudy sur Grok met une nouvelle fois en lumière les dérives potentielles de l’intelligence artificielle lorsqu’elle est mise au service de fantasmes problématiques plutôt que d’une innovation éthique et responsable.